On prête volontiers au Français Pierre Henry la paternité de la musique électronique. En fait, il est l’un des fondateurs d’un nouveau genre né à la fin des années 40 : la musique concrète. Cette dernière se construit de manière empirique à partir d'éléments préexistants, empruntés à n’importe quel matériau sonore, qu’il s’agisse de bruit ou de musique. Une définition donnée par Pierre Schaëffer, l’un des complices de Pierre Henry. En fait, cette nouvelle façon de concevoir la musique se défait des 12 notes de la gamme. La musique n’est donc plus uniquement hauteurs de sons (notes) mais «sons» et «éléments sonores».
Certains remontent encore plus haut dans le temps en évoquant un traité paru en 1913 «L’Art des bruits». Le mouvement Dadaïste constitue pour d’autres le premier mouvement artistique majeur de ce siècle dont la culture électronique serait un lointain écho ?!?
Les sources de la musique électronique
Il faut attendre les années 60 pour voir certains musiciens sortir de la musique populaire chantée. Cela se passe outre-manche chez nos voisins britanniques. Les Beatles ou les Rolling Stones déchaînent les foules. A côté de ces «gentils» musiciens, on voit apparaître des formations anglaises ou américaines tels Soft Machine, Pink Floyd ou Franck Zappa. Le discours musical est plus élaboré et se place déjà en marge des tendances d’alors ! On appelle cela le «Rock Psychédélique». John Cage ou Phil Glass donnent naissance à une vague de groupes allemands qui n’hésitent pas à mélanger les sons de l’époque aux sons électroniques. On peut citer Tangerine Dream, Can ou Kraftwerk. Ce dernier groupe, originaire de Düsseldorf, marque le début des années 70 avec une musique qualifiée d’industrielle. Ralf Hütter et Florian Schneider, les fondateurs, n’hésitent pas à inclure des bruits de la vie courante dans leurs chansons : Autobahn (autoroute), Radio Activity (radio activité), Trans-Europe-Express, Computer World (monde d’ordinateurs) imposent un nouveau style. Une formule à la fois simple et efficace dont les musiciens de Detroit (USA) vont directement s’inspirer.
Le début d’une nouvelle musique
En cette fin des années 1970, la musique électronique commence à poindre le bout de son nez. Mais avant de véritablement émerger, le mouvement New Wave arrive avec sa «nouvelle vague» de Punk. Reprenant l’expérience de la musique industrielle, ce nouveau genre se veut plus radical (et bruyant, pourquoi le nier ?!). Tout juste avant que les années 80 ne commencent, plusieurs tendances émergent : la pop futuriste (Ultravox, XTC, Talking Heads...), l’Electro-pop (Depeche Mode...) et le rock synthétique (Human League...). La popularisation de l’électronique est née et s’affiche clairement dans des groupes comme DAF, Front 242...
Influencée par cette musique, la scène noire américaine s’en mêle. Nous sommes en 1982 et les premiers samplers apparaissent. Ces machines à échantillonner permettent de «capturer» un son et de le jouer. On se croirait revenu à la définition de Pierre Schäffer évoquée plus haut ! Les boîtes à Rythmes, type TR 808 de Roland, les vocodeurs et les séquencers de basse (TB 303 Roland) sont utilisés pour fabriquer cette nouvelle musique. Les premiers scratches des DJ font leur apparition. L’Electro-funk est né. Ce nouveau courant musical engendre des dances appropriées, tels le smuf ou la breakdance. Bientôt, le hip hop prend le pas. Herbie Hancock, un pianiste de jazz qui a joué avec Miles Davis, «taquine» la musique électronique depuis le milieu des années 70. En 1983, il compose avec Bill Laswell «Rock it» et sort du même coup de la clandestinité des musiciens de jazz touchant aux synthétiseurs électroniques !
A Detroit, on s’intéresse de très près à ces nouvelles tendances sonores. Cette ville du nord des Etats-Unis va connaître une révolution technologique via la musique. Le début des années 80 signe le commencement d’un certain métissage sonore avec la New Wave robotique. Des artistes comme Derrick May et Kevin Saunderson imaginent une musique futuriste faisant le lien entre la soul produite au début des années 60 par la Motown, la pop anglaise et le son de Kraftwerk. La Techno voit le jour et touche tout d’abord le vieux continent, puis les Etats-Unis. Aujourd’hui, toute la planète est concernée par le phénomène.
Pris au sens très large du terme, la techno désigne un mouvement culturel autrefois réservée à des initiés; ce que les anglophones appellent l’Underground pour désigner un mouvement confidentiel. La particularité de cette musique, c’est quelle est fabriquée avec des machines. En fait, du mariage heureux de l’ordinateur et des synthétiseurs naîtra la musique électronique, celle-là même qui est sortie aujourd’hui de la «clandestinité». Les raves sont d’immenses rassemblements où se réunissent des jeunes (pour la plupart) qui dansent jusqu’à plus soif. Tout comme dans les boîtes de jazz dans les années 40 ou lors du festival pop de Woodstock, certains «fréquentent» des drogues dures (ecstasy) qui ternissent ce mouvement musical. Ou plutôt, ce sont les détracteurs qui l’utilisent pour cela. En fait, rien de nouveau, cela a toujours existé.
A n’en pas douter, cette musique, comme nos sociétés, évoluera encore. Reste à savoir comment. L’aspect purement commercial a dopé la production. Conséquence : le pire côtoie parfois le meilleur. C’est le lot de toute musique que l’on appelle populaire...
Source:Forum elektroloops:
http://atomik59.free.fr/forum/index.php